Élisabeth de Fontenay, née en 1934, est une philosophe et essayiste française, philosophe reconnue de la question juive et de la cause animale
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisabeth_de_Fontenay
Shoah et condition animale
Forte de sa position de présidente de la « Commission Enseignement de la Shoah » de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, Élisabeth de Fontenay, à l'instar d'Isaac Bashevis Singer, n'hésite pas à faire, dans la préface de son ouvrage Le Silence des bêtes, un parallèle entre les méthodes génocidaires nazies et l'industrie agro-alimentaire. En s'inspirant aussi de Martin Heidegger, elle met en cause ce qu'elle nomme la métaphysique humaniste et subjectiviste, pourtant la cible des nazis :
« Oui, les pratiques d'élevage et de mise à mort industrielles des bêtes peuvent rappeler les camps de concentration et même d'extermination, mais à une seule condition : que l'on ait préalablement reconnu un caractère de singularité à la destruction des Juifs d'Europe, ce qui donne pour tâche de transformer l'expression figée “comme des brebis à l'abattoir” en une métaphore vive. Car ce n'est pas faire preuve de manquement à l'humain que de conduire une critique de la métaphysique humaniste, subjectiviste et prédatrice. »
Et encore :
« On sait que la grande majorité de ceux qui, descendant des trains, se retrouvaient sur les rampes des camps d'extermination, ne parlaient pas allemand, ne comprenaient rien à ces mots qui ne leur étaient pas adressés comme une parole humaine, mais qui s'abattaient sur eux dans la rage et les hurlements. Or, subir une langue qui n'est plus faite de mots mais seulement de cris de haine et qui n'exprime rien d'autre que le pouvoir infini de la terreur, le paroxysme de l'intelligibilité meurtrière, n'est-ce-pas précisément le sort que connaissent tant et tant d'animaux ? »
— Élisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes : la philosophie à l'épreuve de l'animalité.